ESU : Thomas Luhaka sacrifie la qualité de l’enseignement

ESU : Thomas Luhaka sacrifie la qualité de l’enseignement

Normalement, c’est le 10 août prochain que les enseignements devraient reprendre dans les instituts supérieurs et universités.

Pourtant, l’ESU n’est pas un dossier simple, à expédier d’une chiquenaude ou à coup de notes circulaires convenues et ternes comme semble le faire le ministre Thomas Luhaka.

La situation est assez grave et délicate pour qu’on y réfléchisse vraiment afin de prendre des décisions rationnelles et qui ne vont pas hypothéquer la qualité de l’enseignement et la réputation du pays lui-même.

N’oublions pas que le monde entier s’est arrêté depuis plus de 4 mois, ce qui n’est jamais arrivé depuis des siècles et que, par ailleurs, plusieurs pays sont en train de se reconfiner.

Même la guerre mondiale n’a pas pu paralyser la terre entière comme cette fois-ci. Bien sûr, ni les parents ni les étudiants ne souhaitent perdre une année qui avait été entamée avant que ne surgisse la pandémie de la covid-19.

Bien sûr que des autorités politiques frileuses pourraient ne penser qu’au cours terme, qu’au mécontentement immédiat que pourraient provoquer certaines décisions, qu’à leur petite gloriole.

Aucun préalable n’a été respecté pour la reprise

Le lundi 27 juillet, devaient entrer en exécution les instructions contenues dans la note circulaire 005 du ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire qui prévoyait avant tout des travaux d’assainissement de grande ampleur dans toutes les institutions de l’ESU.

Constat : le ministère qui devait prendre en charge lesdits travaux ne l’a fait nulle part, alors que les instituts supérieurs et universités sont exsangues, privés de la manne des frais d’études et des frais de fonctionnement.

Devant la Chambre haute du parlement, le ministre Luhaka avait lui-même affirmé, il y a une dizaine de jours, que le paiement des frais de fonctionnement aux institutions de l’ESU est un préalable incontournable à la reprise pour permettre aux établissements de répondre au minimum de leurs obligations.

On sait que cela fait trop longtemps  qu’on n’a plus payé le fonctionnement ou plutôt que l’argent sorti par l’Etat va dans les poches ou les sacs de certains particuliers.

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Répondant lundi 20 juillet dernier aux préoccupations des sénateurs membres de la commission socio-culturelle, genre, famille et enfant, au sujet des mesures envisagées pour la reprise des cours dans les établissements de l’ESU, le ministre Thomas Luhaka Losendjola avait sollicité également le paiement du « manque à gagner » (ces frais de transport et de motivation dont on avait inconsidérément privé les enseignants sous le mandat de Steve Mbikayi) pour encourager le personnel à reprendre les enseignements dans la quiétude.

Thomas Luhaka ajoutait même le paiement du trop-perçu  sur les véhicules  des professeurs.

Organiser des examens sans avoir organisé des cours

Avec sa note circulaire 005, tous les préalables sont balayés, cap sur une reprise à marche forcée : les activités en dehors de l’enseignement le 3 août, les réunions des organes ainsi que les soutenances le 10, et ensuite, progressivement l’enseignement dans les classes terminales et… les promotions à faible effectif.

A y regarder de près, c’est comme si le ministre voudrait administrer un peu de vitamine C à son secteur pour guérir des patients de covid-19 en phase avancée ! Que signifie, par exemple, « les promotions à faible effectif » dans un secteur où la surpopulation est la règle ?

Que veut dire le ministre avec cette autre note circulaire qui demande la mise en place des jurys d’examens alors que seuls les cours du premier semestre ont eu lieu et que certains enseignements n’ont même pas commencé ?

Est-ce que Thomas Luhaka veut officialiser des instituts et des universités avec plusieurs années académiques en même temps, un peu ce qui existe officieusement – et bien malheureusement – à l’Unikin ?

Un désordre institutionnalisé, en somme… Le pire c’est que beaucoup de recteurs et directeurs généraux tremblent pour leurs postes ou pensent d’abord à l’argent. Non, Monsieur Luhaka, il faut savoir prendre le taureau par les cornes !

Plus de la moitié de l’année sans enseignement

Et justement, le député national Ados Ndombasi Banikina a donné un avis que beaucoup d’observateurs jugent judicieux.

L’honorable Ndombasi relève d’abord que le début de l’année académique en cours a été marqué par des grèves des professeurs qui ont fait perdre aux étudiants plus ou moins deux mois de cours auxquels se sont ajoutés les quatre mois d’état d’urgence. « Plus de la moitié de l’année académique est donc passée sans enseignement », constate Monsieur Ndombasi.

Et il ajoute que de l’aveu du ministre de l’ESU lui-même, les cours de masse ne vont pas reprendre immédiatement car le risque de propagation du coronavirus est redouté avec raison.

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Ce qui veut dire que le retard déjà considérable ne fera que se creuser davantage. « Un cursus universitaire ne consiste pas en une succession mécanique d’années académiques, mais en l’acquisition effective par les étudiants d’un bagage intellectuel qui justifie les titres académiques », dit pertinemment Ados Ndombasi.

Il épingle enfin le réel danger que représente une reprise des cours dans les provinces non encore touchées par la covid-19 du fait que les mouvements migratoires interprovinciaux vont inéluctablement accroitre le risque.

Et comme cela a été déjà dit, la surpopulation estudiantine sur tous les campus universitaires rend impossible l’observance de la distanciation sociale et des mesures barrières. 

Conformité des enseignements aux standards avant tout

Et comme un coup de grâce à la désinvolture des instructions du ministre Luhaka de l’ESU, l’annonce de la grève des professeurs qui réclament l’amélioration substantielle des salaires et des conditions de travail à l’enseignement supérieur et universitaire. 

Pour Ados Ndombasi et pour ceux qui se soucient de la crédibilité de notre enseignement, cette année académique devrait officiellement être déclarée blanche tandis que les frais d’études payés par les étudiants pour l’année en cours devront être reconduits pour l’année prochaine.

En tout cas, il y a lieu de ne pas faire de la basse propagande politique là où il faut s’en tenir au bon sens et à la conformité des enseignements de l’ESU aux standards internationaux. Il y va de la crédibilité de la RDC.

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