Félix Tshisekedi fait monter la pression. Fin de la coalition Fcc-Cach, dissolution du parlement ou énième ruade : le pouvoir tangue plus que jamais…

Félix Tshisekedi fait monter la pression. Fin de la coalition Fcc-Cach, dissolution du parlement ou énième ruade : le pouvoir tangue plus que jamais…

Toute la République Démocratique du Congo retient son souffle. Le président Tshisekedi va s’adresser aux Congolais alors que la coalition au pouvoir craque. Des images du Congo de 60 reviennent dans les esprits : à l’époque comme aujourd’hui, le président était tenu en laisse par une majorité parlementaire qui n’était pas de son côté. Après l’épisode du Palais du Peuple de mardi – le Président Tshisekedi était passé outre l’opposition de ses ‘‘alliés’’ du FCC pour installer des juges du Conseil Constitutionnelle qu’il avait nommés lui-même – Félix semble vouloir reprendre en mains tous les leviers du pouvoir qui lui échappent depuis le début de son mandat. Palais du Peuple, mercredi 21 octobre 2020. Tshisekedi sort de la cérémonie de prestation de serment de « ses » magistrats de la Cour Constitutionnelle en faisant le V de la victoire. Les combattants-wewa de l’Udps, députés d’un jour, exultent : « leur »président est enfin pugnace, offensif, mordant. Il va enfin prendre le pouvoir…
En face, dans les rangs du Front Commun pour le Congo, on se surveille : les présidents du sénat et du parlement ont bravé le chef de l’Etat de front et, avec le premier ministre, ils ont snobé « sa » cérémonie de prestation de serment… sans que cela n’arrête Tshisekedi. Pire : une rumeur tenace court dans l’opinion annonçant que le Président de la République a exigé la démission de Ilunga Ilunkamba. Ce qui signifie que Tshisekedi reste à l’offensive et comme pour le confirmer, il renvoie sine die le conseil des ministres de ce vendredi et annonce qu’il va s’adresser à la nation. Thambwe Mwamba, s’appuyant sur l’article 140 de la Constitution, ne croit pas à l’éventualité d’une dissolution puisque le président du parlement et le chef du gouvernement devraient être saisis à l’avance… Mais ce « sine die » au lieu d’un report du conseil des ministres pour vendredi prochain semble indiquer que ce gouvernement-ci n’a pas d’avenir.

Dissolution et élections anticipées ?

Alors, que va dire le Président de la République ? Quelque chose d’assez grave qu’il a cru nécessaire de conférer avec plusieurs ambassadeurs jeudi à la Cité de l’UA. Quelque chose d’assez grave puisque des chefs d’Etat de la région montrent leur préoccupation et même quelques craintes de voir la RDC plongée dans l’incertitude et les troubles. Beaucoup d’observateurs en sont donc convaincus : Tshisekedi va annoncer la dissolution du parlement et par voie de conséquence la révocation du gouvernement. Cela signifie que des élections législatives devront s’organiser dans la foulée. Avec une CENI toujours aux mains des Kabilistes, il semble que Tshisekedi pourrait recourir à la Division de l’assistance électorale du Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix (DPPA) de l’Organisation des Nations Unies (ONU) ; en tout cas, celle-ci serait disposer à appuyer le Ministère de l’intérieur de la République Démocratique du Congo, dans l’hypothèse d’une dissolution de l’Assemblée Nationale pour l’organisation des élections législatives crédibles le plus rapidement possible.

Coup de force ou esbroufe ?

Mais il y a aussi un scénario-catastrophe en vue. On a noté les absences du numéro 1de la police et du chef d’état-major de l’armée au palais du Peuple malgré des invitations en bonne et due forme. On sait que Tshisekedi a nommé quelques ressortissants du Kasaï dans les structures dirigeantes de l’armée mais celle-ci est plutôt dominée par les pro-Kabila. Un coup peut bien venir de là… comme en 1960 ! Ainsi, la suspicion et la méfiance sont à l’ordre du jour et dans ce climat délétère, tout le monde aurait la main sur la gâchette. Un document des services de renseignement mettait en alerte maximum certaines troupes pour la journée de vendredi 23 octobre. Que va dire le président Tshisekedi ? La RDC va-t-elle basculer dans la crise absolue ? Va-t-on assister à un coup de force ?
Un collègue parfois perspicace, lui, est convaincu que nous sommes encore dans le théâtre politique congolais : nous assistons à une énième esbroufe de Tshisekedi pour faire oublier l’insécurité généralisée, la présence quasi-permanente d’armées étrangères sur le sol congolais, le pillage et le bradage du sous-sol de notre pays, le gâchis des saute-mouton, le fiasco du procès Kamerhe, la rentrée scolaire cacophonique du fait de la gratuité mal conduite, les critiques acerbes des prélats catholiques, etc. Ou bien, encore plus tordu, un coup fourré du duo Tshisekedi – Kabila, associés dans l’ombre pour consolider leur deal et opposés en public pour donner le change…
En tout cas, jamais discours de Félix Tshisekedi n’a été attendu comme celui de ce vendredi 23 octobre 2020. Pourvu que le pays s’en sorte bien.

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