Au moment où s’amorce le déconfinement de par le monde, et chez nous… à Gombe (seul coin du pays à avoir été véritablement confiné jusqu’ici), on fait des états des lieux pour esquisser un après-covid différent et plus en prise sur les vrais problèmes de société identifiés dans nos différents pays.

Le secteur culturel est dans cette même réflexion, du moins au niveau régional.

En effet, le Bureau Régional de l’UNESCO pour l’Afrique Centrale a organisé un forum, en visioconférence, avec la participation de plus d’une quarantaine de responsables politiques, entrepreneurs culturels et artistes basés au Cameroun, au Tchad, au Gabon, en Centrafrique, en Guinée Equatoriale, en Angola, au Burundi et dans les deux Congo. Tous ont reconnu que le secteur culturel, déjà habituellement relégué au dernier rang des préoccupations des responsables politiques des différents états, est frappé de plein fouet par la pandémie mondiale de Covid-19 : centres culturels, salles de spectacle et salles d’exposition fermés, spectacles et tournées annulés, créations et travaux d’ateliers suspendus, etc.

C’est du jamais vu et à l’échelle planétaire ! Les experts et les créateurs de différents domaines artistiques ont ainsi plaidé pour des subsides conséquents au profit du secteur culturel qui, en revanche, peut conduire des campagnes de sensibilisation au profit des populations afin de lutter contre ce mal planétaire, le coronavirus.

En République Démocratique du Congo, l’un des spécialistes reconnus des questions culturelles, le professeur Ribio Nzeza Bunketi, a publié tout récemment un ouvrage traitant précisément des conséquences du coronavirus sur le secteur culturel intitulé : ‘‘La créativité au cœur de la diversité.

Impact économique de la COVID-19 sur le secteur culturel et créatif en République Démocratique du Congo’’.

Reposant sur une enquête menée en ligne entre mars et mai 2020, l’ouvrage du chercheur congolais comporte quatre-vingt-cinq pages réunissant aussi bien des témoignages d’opérateurs culturels sur la réalité du terrain que des analyses, des tableaux et des photos qui rendent compte du sinistre dans le domaine de la culture.

15 millions de dollars : tel est le montant des pertes mensuelles du secteur culturel et créatif de notre pays, soit plus de 44 millions uniquement au deuxième trimestre de cette année 2020. Ont été notamment chiffrés, les 29.260 reports ou annulations d’activités, évènements ou projets recensés, en rapport avec le domaine de la musique, du spectacle vivant et notamment du théâtre, des arts visuels et du cinéma, de l’audiovisuel, de l’événementiel, de la communication et de l’édition, du numérique, de la mode, du design, ainsi que celui du patrimoine culturel.

L’ouvrage intitulé ‘‘La créativité au cœur de la diversité. Impact économique de la COVID-19 sur le secteur culturel et créatif en République Démocratique du Congo’’ donne en liminaire un aperçu théorique des rapports existant entre économie et culture. Il se termine par des propositions concrètes du professeur Ribio Nzeza  qui esquisse, en l’occurrence, un cadre programmatique de relance du secteur culturel (objectifs précis, chronogramme, types et hauteur des financements, modalités de mise en œuvre des programmes envisagés, etc.). Pour le professeur Ribio Nzeza, la réussite d’une relance du secteur reste tributaire des mesures novatrices à prendre dès à présent et d’une planification sérieuse de la gestion de l’après-pandémie pour que plus rien ne soit comme avant et surtout pour que le secteur culturel ne soit plus négligé.

Il n’est pas inintéressant de signaler que le professeur Ribio Nzeza Bunketi Buse est docteur en communications sociales de l’Université catholique du Congo où il enseigne ainsi qu’à l’Université de Kinshasa et il est titulaire d’un master en gestion des industries culturelles de l’Université Senghor d’Alexandrie. II est consultant de plusieurs organisations nationales et internationales impliquées dans le secteur de la culture et des arts.