Grave incendie ce matin à Pakadjuma

Grave incendie ce matin à Pakadjuma

Plusieurs maisons du quartier Pakadjuma, à Limete, le long du rail de l’Onatra, se sont embrasées ce matin, aux environs de 7h45.

Une trentaine de minutes après, un bon nombre de ces bicoques faites de bric et de broc, mais surtout de carton et de triplex, avaient été réduites en cendres devant des habitants désespérés et impuissants.

Bien entendu, ni les pompiers de l’Hôtel de Ville de Kinshasa, encore moins ceux de la RVA (Régie des voies aériennes) – pourtant à un jet de pierre du lieu du sinistre – ne sont venus à leur secours. Autour de 8h00 ce matin, un épaisse fumée noirâtre emplissait le ciel et les flammes dansaient entre les murs en bois, en carton et en plastique.

Pakadjuma, comme un résumé de la mauvaise gouvernance au niveau de la ville L’insalubre quartier Pakadjuma est un concentré de l’incurie et du laisser-aller qui caractérise la gestion à la congolaise.

Les habitants sont des miséreux créés par l’urbanisation effrénée ainsi que l’exode rural. Beaucoup de celles et ceux qui habitent dans ces cahutes brinquebalantes, malfamées et sales à souhait sont arrivés, dit-on, de l’Equateur… par bateau, attirés par la ville comme des insectes nocturnes par le néon.

Ou bien, ce sont des jeunes marginaux sortis de tous les tréfonds miséreux cette mégapole de Kinshasa. Et toute cette faune forme ici, dans un décor de fin du monde, le Sodome et Gomorrhe de la capitale: Pakadjuma est un quartier où les prostituées sont dans toutes les bicoques bancales et crasseuses, de toutes les tailles, de tous les âges. Ici, le plus vieux métier ne rapporte que des miettes: 1500 à 2000 francs la passe… dans des conditions de promiscuité insupportables, parce qu’ici la progéniture de ces prostituées partagent la même natte ou le même bout de carton que leur mère qui doit continuer jusqu’aux petites heures à recevoir « ses clients ».

Et dans une telle jungle, la violence est partout présente, avec une race de kuluna parfois à la solde des voisins véreux en uniformes qui sont de l’autre côté de l’avenue… La violence, ce sont aussi des proxénètes de misère qui la pratique au quotidien, offrant à des mâles en furie, parfois en cravate et en voiture, des petites filles à peine ou même pas du tout pubère.

Oui, le quartier Pakadjuma dont une partie a flambé ce matin nous montre à tous les limites et les défaillances de l’administration de la ville et du territoire. C’est un no man’s land qui échappe au contrôle du gouvernorat, du gouvernement provincial, de l’assemblée provinciale et même du ministère de l’administration du territoire…

Aujourd’hui, quelques prostituées devront travailler à belle étoile, à même la cendre encore tiède de leurs masures calcinées. Ainsi va la vie dans le « Sodome-et-Gomorrhe » kinois. Nous y reviendrons.

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