Encore un projet immobilier : le Gouvernement veut construire sur la baie de Ngaliema

Encore un projet immobilier : le Gouvernement veut construire sur la baie de Ngaliema

Décidément, l’on ne se fatigue pas de plancher sur des projets immobiliers en haut lieu, malgré les « affaires » et les nombreux éléphants blancs qui ont jalonné l’histoire récente de notre pays, malgré ce que réalisent les autres pays africains dans les mêmes situations.

« Un éléphant blanc », c’est une réalisation apparemment prestigieuse et de grande envergure, souvent d’initiative publique, mais qui s’avère plus coûteuse que bénéfique, et dont l’exploitation ou l’entretien devient un fardeau financier et qui ne sert plus à sa vraie destination. Il suffit de penser au CCIZ ou encore à Sozacom, sans parler de l’hlm chinois de la Fikin ou encore de la Cité du Fleuve…

Quand le ciment menace la baie de Ngaliema…

Le Ministre des Affaires Foncières a informé le Conseil des ministres, au cours de sa 43ème réunion, du projet d’érection d’un ensemble d’immeubles sur la corniche qui s’étend sur une zone allant de la commune de la Gombe à celle de Ngaliema, du côté de ce qu’on nomme joliment « la baie de Ngaliema ».

Ce vaste projet immobilier devrait, selon ce qu’on en dit jusqu’ici, offrir à la ville de Kinshasa « des infrastructures modernes ainsi qu’un site touristique de premier plan ». Quelle serait la nature de ces infrastructures qui constitueraient un « site touristique de premier plan » ?

Le gouvernement a sa réponse : « des résidences pour le rayonnement de la ville et de la R.D.C., mais aussi pour la résorption du déficit de logements à Kinshasa ».

On reste ahuri par une telle réponse parce qu’il y a lieu de se demander quel type de résidences on va réaliser sur cette baie de Ngaliema pour que ce soit à la fois touristique et destiné à la grande masse puisqu’il faut résoudre le problème du logement des Kinois… Sans compter qu’il y a sur l’endroit visé, des sites historiques à préserver !!

Comme dans l’affaire Kamerhe, un vieux projet sorti des tiroirs

Selon le compte-rendu de la réunion, ledit projet « a déjà été adopté par le Gouvernement précédent ».

Au regard de différents problèmes qui restaient à résoudre pour sa concrétisation, une Commission ad hoc d’Experts a été mise en place. Cette précision est importante : il s’agit d’un projet qu’on a trouvé utopique et contreproductif il y a peu, mais qui devient brusquement porteur.

Par quelle magie ? Pourquoi donc cette furie des immeubles qui doivent envahir tout l’espace ?

Le citoyen lambda peut et doit se poser la question de savoir pourquoi l’érection des immeubles sur la baie de Ngaliema est prioritaire par rapport à la construction d’une grande voie, le long  du fleuve, pour désengorger l’axe N’djili aéro – centre-ville ?

Pourquoi toujours des résidences privées au lieu d’un aménagement qui ferait profiter la baie et le bord du fleuve à tous les Kinois, comme on le voit avec le musée national (aujourd’hui menacé), avec la corniche de Brazzaville ou encore sur les bords de l’océan à Libreville ? Partout, la population a un accès libre au fleuve ou à l’océan tandis que chez nous, selon l’habitude des colons, le fleuve est confisqué au peuple : il faut aller à Kinkole ou à Maluku pour le voir. Pourquoi tout ça ?

Pensez aux Kinois et à l’histoire…

Toutes ces questions importantes se posent et doivent être posées. Il faut que les représentants du peuple les posent clairement à l’exécutif, même si celui-ci semble vouloir aller au pas de course sur ce projet. En effet, les ministres de l’Urbanisme et Habitat, de l’Aménagement du territoire ainsi que celui des Affaires foncières ont sollicité l’accord du Conseil des Ministres à l’effet de matérialisation de ce projet. Pourquoi tant de précipitation ? 

Quant aux occupants de la baie de Ngaliema, dit le Gouvernement, « ils seront indemnisés avant que le chef de l’Etat ne pose la première pierre en vue de la construction ». Est-ce que cela signifie qu’ils ne seront pas simplement floués comme d’habitude chez nous ? C’est une autre question.

Comme on peut le voir, cette nouvelle « affaire » d’érection d’un complexe immobilier « touristique » – donc de spéculation immobilières – pose déjà plus de problèmes qu’il n’en résout… si et si seulement il peut en résoudre vraiment pour la population de Kinshasa.

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