Benoît Lwamba, le président de la Cour constitutionnelle, démissionne en catimini et s’exile

Benoît Lwamba, le président de la Cour constitutionnelle, démissionne en catimini et s’exile

L’on sait que les hauts magistrats congolais sont sous pression, mais l’on n’imaginait pas ce que cela pouvait entraîner comme conséquence.

Malgré ses dénégations et les démentis qu’il a opposés à ce qu’on croyait n’être que des « rumeurs sans fondements », le Président de la Cour Constitutionnel, Benoît Lwamba Bintu Bya Maganga, a bel et bien démissionné.

L’explication est sibylline dans la lettre du concernée reçue au Bureau du Procureur Général près la Cour Constitutionnelle : on évoque « des raisons personnelles, notamment l’âge », l’homme aura 75 ans le 19 juillet prochain.

Le président Félix Tshisekedi vole au secours du président Benoît Lwamba

C’est depuis le 27 juin qu’il a déposé sa lettre de démission et qu’il a sollicité une audience auprès de Félix-Antoine Tshisekedi qui le recevra le 4 juillet dernier.

Selon certaines indiscrétions, Benoît Lwamba lui a alors avoué qu’il subit continuellement de « terribles pressions » …de la part des cadres du FCC de Joseph Kabila, précise-t-on dans l’entourage de Félix Tshisekedi.

Il a en sus sollicité le soutien du président de la République afin d’être évacué sur Bruxelles pour recevoir des soins appropriés étant donné ses soucis de santé.

A cause de la pandémie du coronavirus en effet, une évacuation n’était pas chose facile : le chef de l’Etat lui a positivement répondu, rendant possible une prise en charge et l’ex président de la Cour Constitutionnelle se retrouve effectivement en Belgique à l’heure actuelle.

Malgré tout, Lwamba Bintu Bya Maganga a publié un communiqué le vendredi 10 juillet pour démentir ce qu’il affirmait être des « rumeurs faisant état de sa démission ».

Un homme de confiance de Kabila quitte un poste important

Si les membres de la Cour Constitutionnelle ne trouvent « aucun motif de nature à contrarier (la) démission volontaire » de Lwamba, ceci ouvre la voie à une nomination par Tshisekedi d’un autre magistrat pour prendre la place restée vacante (ceci n’est pas rien !).

On sait que si le président de la Cour Constitutionnelle Lwamba Bintu Benoît a présidé à la validation de l’élection contestée de Félix Tshisekedi, c’est incontestablement (ou c’était ?) un homme de confiance de Joseph Kabila comme le montre les différents postes qu’il a occupés avec la bénédiction de ce dernier :

directeur de cabinet du Conseiller spécial du président de la République en matière de sécurité (en 1997),  président de la Cour Suprême de Justice par décret du 29/03/1999, premier président de la Cour Suprême de Justice suite à l’Ordonnance n° 03/01 du 12/06/2003, membre de la Cour Constitutionnelle suite à une Ordonnance de juillet 2014 puis président de la Cour Constitutionnelle et du Conseil Supérieur de la Magistrature par Ordonnance du 11 mai 2015, et enfin président de la Cour Constitutionnelle et du Conseil Supérieur de la Magistrature par Ordonnance du 10 Juillet 2018, dans une période qu’on reconnaitra volontiers très ‘‘sensible’’.

Du reste, Benoit Lwamba Bintu Bya Maganga est toujours visé par des sanctions américaines datant de février 2019, comme d’autres « kabilistes » (notamment l’ancien président de la CENI Corneille Nanga et l’ex-président du parlement Aubin Minaku).

Les prochains épisodes du basculement de la magistrature dans le camp tshiskediste seront décidément intéressants à observer.

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