Coup de théâtre: L’assassinat de l’Abbé Godefroid Pembele à Kikwit : une sordide affaire familiale ?

Coup de théâtre: L’assassinat de l’Abbé Godefroid Pembele à Kikwit : une sordide affaire familiale ? SINZILI

Le week-end dernier, la nuit du 6 au 7 août, à Kikwit, un groupe de malfrats avait réussi à entrer dans l’enceinte de la paroisse Saint Mukasa, dans la commune de Kazamba.

Les bandits ont malmené les prêtres et tiré à bout portant sur l’un d’entre eux, l’abbé Godefroid Pembele, qu’ils ont grièvement blessé. Bien entendu, les criminels ont emporté des objets de valeur ainsi que tout l’argent qu’ils ont trouvé sur place.

D’abord soigné en urgence à Kikwit, l’abbé Pembele avait été acheminé à Kinshasa par un avion petit porteur affrété par le diocèse de Kikwit. Malheureusement, il est décédé dimanche soir, peu après son admission au Centre hospitalier Initiative Plus de Olive Lembe Kabila.

Toutes les hypothèses semblaient avoir été émises au sujet de la sauvage agression meurtrière de l’Abbé Godefroid Pembele, dans sa paroisse, de la plus loufoque à la plus futée. Kikwit bruissait d’innombrables rumeurs : les assassins du curé de Saint Mukasa seraient venus vraisemblablement de Kinshasa, ils avaient certainement des complices sur place à Kikwit.

Pourquoi pas quelques jeunes gens revenus d’Angola ? Ou des déplacés, rescapés de la rébellion de Kamwena-Nsapu ? Plus folle encore, cette accusation lancée par un pasteur plutôt convaincu de ses griefs contre les collègues de Godefroid Pembele : « Je suis sûr que ce sont les autres prêtres qui ont trahi leur curé, par jalousie et vous me donnerai raison », vaticinait cet évangéliste bon teint.

Et si c’était une sordide vengeance familiale

En fait, à Kikwit, l’enquête est allée bien plus vite qu’on ne pouvait le penser. D’abord parce que l’abbé Godefroid Pembele aurait, avant de perdre connaissance, révélé l’identité de certains de ses agresseurs.

C’est ce qui a permis à la police d’être tout de suite sur leurs traces. Il semble bien que l’abbé Pembele était empêtré, malgré lui, dans une querelle qui opposait ses cousins, les enfants du premier et du deuxième lit de son oncle paternel défunt, au sujet d’une concession familiale.

Si l’intervention du prêtre a permis que les premiers ‘‘indemnisent’’ les autres pour leur laisser la jouissance de cette parcelle querellée, un dénommé Mali Pembele, cousin de l’abbé, serait allé proférer des menaces contre ce dernier, lui qui avait été l’arbitre dans le conflit, réclamant que sa part de l’héritage soit substantiellement augmentée. Ce serait donc le sieur Mali Pembele qui, dans un accès de colère, de jalousie et de convoitise, aurait monté un groupe pour « apprendre à vivre » à l’ecclésiastique.

Les assassins du curé chez un féticheur

En ce qui concerne l’enquête, les limiers de la police de Kikwit avaient tôt fait d’alerter tous leurs indicateurs de la contrée. C’est ce qui a permis une arrestation rocambolesque des présumés meurtriers.

Activement recherchés, Mali Pembele et sa bande qui sentaient l’étau de la police se resserrer de jour en jour sont allés – incognito – en consultation chez un féticheur à Kimbinga, village situé à quelques kilomètres de Kikwit, pour qu’on puisse les rendre invulnérables aux poursuites, afin de déjouer les recherches de la police.

Alors qu’ils attendaient le fameux féticheur dans la cour pour une cérémonie appropriée, celui-ci, sûrement un informateur patenté des services de sécurité, est allé dans sa chambre, prétextant qu’il réunissait ses amulettes.

En un temps, deux mouvements, le mouchard en a profité pour alerter la police … Peu de temps après, des agents ont fait irruption sur le lieu et mis la main sur trois des suspects. L’un d’entre eux va réussir à prendre la fuite, mais il sera arrêté peu de temps après avec un autre membre de ce groupe de brigands.

Mali Pembele et ses complices dans une prison peu sécurisée

Présentés ‘‘à la Tribune’’ à la population de Kikwit médusée de voir la tournure que prennent les événements, Mali Pembele et ses comparses ont failli être lynchés sur la grand-place de Kikwit, n’eût été l’intervention des policiers.

Ce que les Kikwitois réclament, c’est un procès public et immédiat qui devrait, selon eux, condamner  mort les présumés assassins de l’abbé Godefroid Pembele. Mais à l’heure actuelle, les cinq malfaiteurs ont été écroués à la prison centrale de Kiwit, un bâtiment qui, aux dires de certaines de nos sources, ne présentent pas de garantie suffisante contre une éventuelle évasion, à cause de sa vétusté.

En avril dernier déjà, une dizaine de prisonniers s’en étaient évadés et quelques mois avant, presqu’une centaine de détenus s’étaient faits la belle (même si une bonne partie des fugitifs a été retrouvée).

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