Trente- cinq millions de dollars, c’est le montant qui aurait été alloué à la société SOGEMA pour bâtir, sur 80.000 mètres carrés de surface, et donner un un nouveau look au « Grand Marché » de Kinshasa. Le grand marché devra contenir jusqu’à à 60.000 étalages, quelques centaines de magasins, des banques, une infirmerie et un espace pour les sapeurs-pompiers.

Problème : les travaux de construction du marché central de Kinshasa connaissent un début timide et avancent à pas de tortue, près de douze mois après la destruction des anciens pavillons.

Ainsi la population kinoise ne croit-elle plus aux promesses d’hier. On craint que ce marché soit un nouveau chantier inachevé dans une ville qui en compte déjà beaucoup.

Un nouveau marché pour 2023

Du côté du Gouvernement Provincial, l’on promet qu’un marché central pimpant neuf sera sorti de terre entre septembre et octobre 2023. Encore une promesse fallacieuse à l’approche des élections ? Peut-être bien, mais le responsable du suivi de la réalisation des projets du Gouvernement de la Ville-Province de Kinshasa, lui, est optimiste.

Il a expliqué à la presse qu’après la démolition ainsi que le décapage d’un sol en béton, les constructeurs se sont attaqués aux piliers qui soutenaient l’ancienne architecture du marché. Il a annoncé le début imminent des travaux de construction proprement dits qui devront durer quatorze mois… « si l’environnement international (la guerre en Ukraine notamment) ne vient pas perturber l’approvisionnement en équipements », a-t-il précisé, prudent donc, malgré tout.

La reconstruction du marché central de Kin, la mer à boire ?

En fait, du côté de l’Hôtel de Ville, on a épuisé l’arsenal des raisons (factices) du retard pris par la reconstruction du marché central : blocages dus aux procédures judiciaires, pandémie de Covid-19, intempéries… Après avoir été à l’avant-plan sur ce dossier pendant de longs mois, le gouverneur de la ville de Kinshasa et ses belles maquettes se font discrets, laissant parler les conseillers en matière de construction.

Dans le chef de la population, le gouvernement central et l’administration Ngobila y sont allés « à la congolaise », c’est-à-dire dans l’impréparation et l’improvisation, sans prendre les dispositions adéquates pour répondre aux défis du grand chaos que présente le site. Sans compter qu’un détournement peut bien avoir déréglé le tout, qui sait… ?

Et les experts du secteur de la construction émettraient pour leur part de sérieux doutes concernant la fiabilité du duo SOGEMA – FBN BANK RDC. La FBN est l’institution choisie pour financer les travaux.

Les commerçants du marché central, abandonnés à leur triste sort

Par ailleurs, le président du syndicat des vendeurs du grand marché, Chico Balongwa, continue à demander – mais en vain jusqu’ici – le remboursement des biens des commerçants détruits dans les entrepôts lors de la démolition des pavillons par les autorités de la ville.Comme on le sait, en attendant un nouveau marché, les commerçants se sont installés le long des avenues Rwakadingi, Lowa, Katho et Tshuapa, dans un incroyable imbroglio qui ajoute à l’insalubrité de ces artères boueuses en temps de pluies.

Des marchés de fortunes ont été aussi érigés dans les communes environnantes de Kinshasa et Lingwala, avec des conditions intenables de travail pour les vendeurs qui y exercent leurs activités dans des abris précaires. Le vieux marché central de Kinshasa allait avoir 80 ans quand il a été démoli par Gentiny Ngobila…