Elle a été belle, la fête du centenaire à la mission catholique Yasa. La paroisse-doyenné Saint Louis de Yasa s'est parée de sa plus belle robe, malgré les stigmates du temps et la misère ambiante. En fait, les célébrations de ''l'année du Centenaire'' s'étendront jusque fin 2024, mais du 17 au 21 juillet, c'est un moment particulier qu'on a voulu marquer, un point culminant. 

 Prise de conscience locale et nationale pour rebâtir

Tout est parti du colloque organisé à l'Institut des Techniques Médicales Dr Cécile Van Gheert, avec comme intervenants quelques sommités scientifiques (des ecclésiastiques et des laïcs). Elles ont planché sur les circonstances de la fondation de Yasa, sur les conditions difficiles d'évolution aujourd'hui ainsi que les défis du centenaire à venir. Tous ont été d'accord pour dire que le temps de la manne des missionnaires pour le peuple est bel et bien passé. Il faut une prise de conscience à tous les niveaux pour repenser l'évangélisation, penser le développement de la contrée, reprendre en main la destinée de Yasa, se prendre véritablement en charge pour reconstruire sur tous les plans.   

Fondée en 1924 par les Pères Jésuites, Yasa est devenue au fil du temps un des plus grands centres d'enseignement de la province et même du pays tout entier. 

Des écoles et un hôpital de grande renommée

Le renom du collège Saint Ignace de Kiniati et de l'ITM-Yasa-Bonga ne sont plus à bâtir. Mais il y a aussi les écoles de Yasa même : école primaire Saint Henri Masonga et Institut Sainte Marie Yangemba des Frères Josephites, école primaire Marie Auxiliatrice Kimbubu et lycée Mandondo des Sœurs de la charité de Namur... Toutes ces écoles ont formé hier l'élite du pays : Désiré Takizala, Me Kamanda, Pr Mpeye (premier ingénieur civil congolais), Dr Muyembe, Pr Takizala, Désiré Muwala (PCA), Ki-Nkie Mulumba (PCA), Bertin Mawaka (Banquier), Michel Ngaki (des premières générations des architectes congolais), et tant d'autres. Toutes ces écoles sont des joyaux aujourd'hui chancelants à cause de la vétusté des infrastructures, alors que la population des jeunes à scolariser est toujours plus nombreuse.

Hôpital et école d'infirmières à sauver

Le défi du côté de la santé est presque le même. C'est la mission Yasa qui a généré le grand hôpital de Yasa-Bonga, autrefois tenu par les médecins belges Anne-Marie Verwilghen et Cécile Van Gheert d'heureuse mémoire (la première citée avait même été décorée par le chef de l'État pour les services rendus à la RDC). Autrefois, on se rendait à Bonga pour des soins au lieu de prendre l'avion pour l'Afrique du Sud ou l'Inde... Mais ici aussi, les affres du temps sont visibles sur les infrastructures (la grande école d'infirmières, l'hôpital, les habitations du personnel soignant)... Ici aussi, il faut sauver ce trésor inestimable pour la province et le pays.

 L'Évêque de Kikwit était de la partie

La fête s'est clôturée par une célébration eucharistique présidée par Mgr Timothée Bodika, évêque de Kikwit : une cérémonie au cours de laquelle trois ordinations ont eu lieu en même temps que les vœux d'un groupe de religieuses de la Congrégation des Sœurs de la Charité de Namur. Tout s'est terminé dans la liesse populaire avec un grand dîner et un concert de l'orchestre Mokamo Populaire de Kikwit.

Le Caucus pour le centenaire reprend la mobilisation pour sauver Yasa 

Tandis que les prêtres ordonnés commencent la traditionnelle ''tournée des premières messes'' (le P. Binga nouvellement ordonné était hier à Musenge Kandodi et, demain, certainement à Mukoko-Yasa), le Caucus pour le centenaire de Yasa pense déjà à la suite de la mobilisation pour sauver Yasa, ses infrastructures et sa population. Il ne sera pas dit demain que ce que les pionniers blancs - les Pères Henri Van Schinghen et Joseph Greggio - ont bâti voici cent ans, les Congolais n'ont pas pu le pérenniser pour le bien de leur propre pays. Le Caucus pour le centenaire de Yasa s'est ainsi donné pour mission, entre autres, de réunir toutes les bonnes volontés autour de la réhabilitation des infrastructures de Yasa, du collège de Kiniati et de l'hôpital de Bonga. Il faut espérer que le gouvernement de la République, le chef de l'État et les hommes de bonne volonté auront à cœur de regarder vers ce Congo profond en perdition.