Vidiye Tshimanga : Donc la démission efface tout ? (énième épreuve pour l’Etat de droit)

Vidiye Tshimanga : Donc la démission efface tout ? (énième épreuve pour l’Etat de droit)

Mille jours pour le voleur et un jour pour le propriétaire, voilà le proverbe qui explique le mieux la situation de Vidiye Tshimanga, conseiller stratégique de Félix Tshisekedi. Filmé dans une affaire de corruption flagrante, le stratège du président de la République prend son aise d’expliquer la mafia dans laquelle il évolue, accordant l’accès aux mines de la RDC aux étrangers en échange d’une commission. Il a tout dit. COBAMIN sert de tremplin à Vidiye Tshimanga pour percevoir plusieurs millions USD(20%) sur les recettes de plusieurs sociétés minières étrangères sans intervention de l’Etat.

Avec ces aveux venant de lui-même, Vidiye Tshimanga donne assurément un aperçu sur les activités illégales qui se font dans l’entourage du Chef de l’Etat. Si le ministre public avait saisi l’Assemblée nationale pour interpeller Kabund comme pour dire qu’il fait son travail de rechercher les infractions, les voilà commises avec une forte intention de nuire dans le cas de Vidiye Tshimanga . En application de l’Etat de droit, il est préférable que le procureur de la République se saisisse de l’affaire pour éviter une justice de deux poids, deux mesures.

Tombé sous la clameur publique, l’ancien président des immaculés dépose une démission qui, ce qui confirme la véracité de ses aveux. Il a démissionné, oui. C’est un déshonneur pour la République, continuer de garder un tel conseiller aux côtés du Président de la République, qui dit sans se gêner aux étrangers qui ne lui sont pas familiers l’intimité qu’il partage avec la président de la République. Avec une telle attitude, qu’est-ce qui empêcherait celui-ci de donner accès aux secrets de la République aux inconnus, etant conseiller stratégique du président. Il est en tout cas intéressant de s’interroger sur la suite de cette affaire de haute trahison.

Est-ce que la démission efface tout ? Que pense réellement le procureur de la République ? N’a-t-il pas pas regardé la vidéo ? On a vu dans beaucoup de cas ces temps derniers, des détourneurs qui sont absous dès qu’ils quittent leurs fonctions. Espérons que ça ne sera pas vraiment parei dans le cas du stratège, qui doit sûrement se justifier sur les prestations de COBAMIN et son affairisme avec Ivanhoé et d’autres sociétés minières. Si on a pu piéger Vidiye Tshimanga, cela signifie qu’il l’avait déjà fait… D’ailleurs il l’a dit dans la vidéo. Quelqu’un lui aurait promis une somme de 200 millions USD pour le même travail. Ça veut dire que certains le font encore: ça va s’arrêter là en attendant le prochain épisode ou bien il va aller devant les juges? Est-ce que des enquêtes sont menées?

L’interpellation de Jean Marc Kabund était tellement rapide que l’on pouvait penser à une sorte d’acharnement. Voilà une occasion pour le procureur de la République d’ouvrir un dossier à charge du conseiller de Félix Tshisekedi.

Dans les révélations de Vidiye Tshimanga on peut dénoter la corruption, usage de faux, détournement et d’autres vices qui sont de vrais obstacles pour les investissements.

Quel avenir pour les investissements américains en RDC ?

La tohu-bohu engendré par le feuilleton Vidiye Tshimanga -Tshisekedi ne laisse pas intransigeant le visage du pouvoir politique en République Démocratique du Congo. Les révélations de corruption dévoilées par l’agence de lutte contre la corruption OCCRP ne salissent pas que l’image de Vidiye Tshimanga mais au contraire, elles mettent à genoux les espoirs de tout un peuple et sabotent les multiples voyages diplomatiques du Chef de l’Etat Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.Si l’histoire apparaît très rocambolesque, ses conséquences seront lourdes et fâcheuses durant plusieurs années à venir.

En effet, après soit séjour à Kinshasa du 12 au 13 septembre dernier, le diplomate américain Amos Hochstein, coordonnateur présidentiel spécial du président Joe Biden pour les Affaires énergétiques internationales avait évoqué la lutte contre la corruption comme facteur de base pour un potentiel investissement américain en RDC. Le feuilleton lugubre occasionné par le Conseiller Spécial du Chef de l’Etat ferme donc les portes congolaises aux investissements américains.

En écoutant Amos Hochstein, les États-Unis d’Amérique ont besoin de voir les actions de lutte contre la corruption afin d’envoyer des investisseurs potentiels. A en croire plusieurs analystes politiques, envoyer Tshimanga devant le barreau serait un moyen de sauver l’image de la Présidence de la République et par ricochet de toute la République.« Nous avons été très encouragés par le Président Félix Tshisekedi au sujet de l’intérêt qu’il manifeste par rapport à la lutte contre la corruption. Nous voulons le voir en action. Nous souhaitons que ses paroles se traduisent en actions. Dans le secteur des mines, nous voulons voir une réduction significative de la corruption. Si ces progrès se réalisent, vous verrez les genres d’investissements que nous souhaitons voir en RDC », disait Amos Hochstein au cours d’une interview accordée à la presse locale après son entretien avec Félix Tshisekedi.

Et Si Kabund avait raison ?

Les dernières nouvelles de corruption seraient telles la preuve du discours de Jean-Marc Kabund ? Si les propos sur une prétendue classe des jouisseurs du régime Tshisekedi étaient largement contestés par l’opinion publique au regard du caractère potentiellement pauvre du divorce entre Kabund et l’UDPS, les dégâts énormes d’aujourd’hui poussent à plusieurs réflexions. Dans une interview accordée à Radio France Internationale, (RFI), en juillet dernier, l’ancien bras droit du Président Félix Tshisekedi, Jean-Marc Kabund avait pourtant dénoncé que la classe dirigeante était de plein pied dans la corruption et investit dans les paradis fiscaux avec l’argent issu des ressources minières du pays.

« (…) Quand je parle de détournement, les gens doivent comprendre que ce n’est pas une maison. Ce sont des centaines et des centaines de millions de dollars, placés dans des paradis fiscaux, dans des multinationales. Ce sont des espèces sonnantes qui quittent le pays dans des jets privés», avait-il dit au micro de RFI au mois de juillet dernier.

Tshisekedi et la lutte contre la corruption : une mission impossible ?

En arrivant au pouvoir, le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi avait fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille. Martelant sur l’instauration d’un véritable État de droit, il avait décidé de créer l’Agence congolaise de prévention et de lutte contre la corruption (APLC). Ce service fonctionne sous l’autorité directe du Président de la République et a pour mission de réduire l’incidence à la corruption de 60% fin 2026. Cependant, sur terrain, les faits en disent le contraire.

Dans une enquête réalisée et publié le 31 août par le Groupe d’étude sur le Congo, Ebuteli son partenaire de recherche en Rdc et le Bureau d’étude, de recherche et de consulting sur la perception de la corruption dans les institutions, il s’est dégagé que quatre congolais sur dix ont clairement souligné que les institutions du pays sont toutes corrompues. Le gouvernement central (41%), les députés provinciaux (42,2%), les parlementaires (45,6%), les tribunaux (45,7%), et la police (48%).

La République Démocratique du Congo est classée 169e sur 180 pays dans le monde en matière de corruption en 2021 selon l’ONG Transparency International. Cependant il est claire qu’un scandale de plus, au cours de cette année, risque de saper complètement les maigres efforts fournis jusqu’à présent dans la lutte contre la corruption.

GH

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